Dakar, 14 juillet 2025 —
Un vent de tension souffle sur le sommet de l’État sénégalais. Le Premier ministre Ousmane Sonko a publiquement exprimé son désaccord avec le président Bassirou Diomaye Faye, son ancien allié et dauphin politique, qu’il accuse désormais de manquer de fermeté dans la gestion du pays. Ce qui s’apparente à une crise de confiance menace de faire vaciller l’équilibre au sein du pouvoir exécutif.
Tout avait pourtant commencé sous les auspices de la solidarité politique. En 2024, empêché de se présenter à l’élection présidentielle pour des raisons judiciaires, Ousmane Sonko avait adoubé Bassirou Diomaye Faye comme candidat du parti PASTEF. Ce dernier remporte les élections et nomme Sonko Premier ministre, marquant un retour au pouvoir du parti anti-système.
Mais un an après leur arrivée au sommet de l’État, les fissures apparaissent. Lors d’une réunion du Conseil national de PASTEF tenue ce week-end à Dakar, Sonko a haussé le ton, mettant en cause l’autorité du président.
« J’interpelle le président Bassirou Diomaye Faye pour qu’il prenne ses responsabilités, sinon qu’il me laisse faire », a-t-il déclaré avec fermeté, sous les applaudissements de ses partisans.
Le chef du gouvernement reproche à Diomaye Faye son silence face aux attaques médiatiques et politiques dont il est victime, y compris de la part de certains acteurs de la majorité. Selon lui, ces agressions ne sont pas suffisamment condamnées par la présidence.
« Si c’était moi le chef de l’État, certaines choses ne se produiraient jamais », a-t-il lancé, sous-entendant que le président manque d’autorité.
Sonko déplore également un manque d’engagement clair de la part du président en faveur de certaines réformes jugées cruciales pour le projet politique du PASTEF. Il accuse Diomaye de ne pas suffisamment défendre la ligne idéologique du parti au sein de l’appareil d’État.
Ces déclarations publiques, inhabituelles dans une relation président-Premier ministre, laissent présager une crise politique imminente. Pour de nombreux observateurs, c’est le signe que l’unité de façade entre les deux hommes est désormais brisée.
Des voix au sein du PASTEF craignent une division interne qui pourrait affaiblir durablement le parti au pouvoir. D’autres y voient un repositionnement stratégique de Sonko, en vue d’une possible recomposition de l’exécutif, voire d’un bras de fer à venir.
Jusqu’à présent, le président Diomaye Faye n’a pas réagi publiquement à ces attaques. Mais selon plusieurs sources proches du palais présidentiel, des discussions seraient en cours pour apaiser les tensions. Rien n’indique pour l’instant que le Premier ministre envisage de démissionner, mais la cohabitation au sommet s’annonce de plus en plus délicate.