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Niamey, 20 juin 2025 – Nouveau tournant dans les relations entre le Niger et l’entreprise française Orano (ex-Areva). Le gouvernement nigérien a annoncé la nationalisation de la mine d’uranium de la Société des Mines de l’Aïr (Somaïr), jusque-là codétenue avec Orano, marquant une rupture nette avec l’héritage de la coopération minière franco-nigérienne.
Cette décision, prise en Conseil des ministres, accorde à l’État nigérien le contrôle total de l’exploitation de la seule mine d’uranium encore en activité dans le pays, située à Arlit, dans le nord du territoire. Jusqu’alors, Orano en détenait 63,4 % des parts.
« Il est temps que les ressources stratégiques du Niger bénéficient pleinement à sa population », a déclaré un porte-parole du gouvernement, soulignant un besoin de souveraineté sur les richesses nationales.
Bras de fer prolongé
La tension entre Niamey et Orano ne date pas d’hier. Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, les relations entre les nouvelles autorités et l’entreprise française se sont considérablement détériorées. En décembre 2024, Orano avait déjà été écartée du contrôle opérationnel de la Somaïr, bien qu’elle en soit toujours actionnaire majoritaire. En parallèle, les exportations d’uranium avaient été suspendues, créant un contentieux commercial et diplomatique majeur.
Orano a depuis engagé plusieurs procédures d’arbitrage international, dénonçant une expropriation illégale et la détention temporaire de certains de ses collaborateurs. L’entreprise affirme que plusieurs centaines de millions d’euros d’uranium sont aujourd’hui bloqués sur le sol nigérien.
Vers de nouveaux partenariats ?
Cette nationalisation pourrait ouvrir la voie à de nouveaux acteurs internationaux, notamment russes, chinois ou iraniens, intéressés par les ressources stratégiques nigériennes dans un contexte mondial de transition énergétique et de reconfiguration géopolitique. Le Niger, quant à lui, promet des compensations équitables aux partenaires affectés, tout en réaffirmant sa volonté de « reprendre le contrôle de son destin économique ».
Une rupture symbolique
Le départ forcé d’Orano, héritière du groupe Areva, met fin à près de 50 ans de partenariat minier franco-nigérien, souvent critiqué pour son déséquilibre au profit de la France. Dans le sillage d’autres décisions souverainistes prises par la junte au pouvoir, cette nationalisation s’inscrit dans une stratégie plus large de rupture avec les anciennes puissances coloniales et de diversification des partenaires économiques.