Bamako, 14 mai 2025 — Les autorités maliennes ont décidé de suspendre la diffusion de la chaîne francophone TV5 Monde pour une durée de trois mois, accusant le média de “traitement non équilibré” de l’information dans un reportage diffusé fin avril. Cette décision a été annoncée par la Haute Autorité de la Communication (HAC), l’organe de régulation des médias au Mali.
La mesure fait suite à un reportage de TV5 Monde évoquant la mort d’au moins quinze civils lors de frappes de drone à Tinzaouatène, dans le nord du pays, le 25 août 2024. Selon la HAC, la chaîne n’aurait pas suffisamment tenu compte de la version officielle des faits présentée par l’armée malienne, estimant que cela porte atteinte à l’éthique journalistique et à la souveraineté de l’État.
Dans un communiqué, TV5 Monde a exprimé ses regrets, affirmant qu’elle avait tenté de recueillir la version de l’armée malienne sans succès au moment de la production du sujet. La chaîne a toutefois précisé avoir publié la réponse officielle des autorités maliennes dès sa réception, dans une brève datée du 26 août 2024.
Depuis l’arrivé des nouvelles autorités en 2021, plusieurs médias étrangers ont été suspendus, notamment RFI, France 24, France 2, LCI, et récemment Jeune Afrique. Les autorités maliennes reprochent à ces médias de véhiculer des “informations tendancieuses” ou de “saper le moral des troupes”.
Le Mali n’est pas un cas isolé : le Burkina Faso voisin a lui aussi suspendu TV5 Monde en juin 2024 pour une durée de six mois. Ces décisions reflètent une volonté des nouveaux gouvernants de reprendre le contrôle du récit médiatique.
Les organisations de défense des droits humains et de la presse dénoncent une dérive autoritaire et appellent à la levée de ces sanctions. Reporters sans frontières (RSF) alerte sur un “enfermement informationnel” croissant au Sahel, qui pourrait aggraver les tensions entre gouvernements et populations.
La suspension de TV5 Monde illustre les tensions croissantes entre les nouveaux gouvernants de la région et les médias internationaux. Dans un contexte de conflit armé, d’insécurité et de recomposition géopolitique, l’accès à une information libre et pluraliste reste plus que jamais crucial pour les citoyens maliens.