Malabo, 8 juin 2025 – Le Rwanda a officiellement annoncé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), lors du 26ᵉ sommet des chefs d’État et de gouvernement tenu à Malabo, en Guinée équatoriale. Une décision qui met en lumière les tensions croissantes entre Kigali et Kinshasa, et qui questionne la solidité de la coopération sous-régionale.
❌ Un retrait motivé par un « déni de droit »
Selon les autorités rwandaises, la décision de se retirer de la CEEAC découle de la non-application du principe de présidence tournante prévu par l’article 6 du traité fondateur de l’organisation. Kigali devait prendre la tête de l’organisation, mais accuse la République démocratique du Congo (RDC), actuellement à la présidence, de manœuvres visant à bloquer cette transition, avec le soutien tacite de certains autres membres.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères a dénoncé une « instrumentalisation politique de la CEEAC par certains États membres », pointant directement la RDC ainsi qu’un rôle supposé du Congo-Brazzaville dans ce blocage.
⚠️ Un climat régional de plus en plus tendu
Ce retrait s’inscrit dans un contexte de relations extrêmement tendues entre le Rwanda et la RDC, marqué notamment par des accusations récurrentes de soutien de Kigali au groupe rebelle M23, actif dans l’est congolais. Bien que le Rwanda ait toujours nié tout appui au mouvement, Kinshasa continue d’agiter ce dossier sur la scène diplomatique.
La crise a atteint un nouveau sommet en 2023, lorsque le Rwanda s’est vu exclu du sommet extraordinaire de la CEEAC à Kinshasa, une mesure perçue par Kigali comme « illégale et inacceptable ».
🧩 Une fracture qui fragilise la sous-région
La CEEAC, qui regroupe onze États membres, peine déjà à jouer un rôle structurant dans la stabilisation et l’intégration économique de l’Afrique centrale. Le retrait du Rwanda – membre actif et engagé dans de nombreux programmes régionaux – constitue un revers majeur pour l’organisation, qui fait face à des défis croissants liés aux conflits, aux rivalités diplomatiques et à l’instabilité politique.
De nombreux analystes estiment que cette crise met en lumière les limites de la gouvernance communautaire et la difficulté pour l’Afrique centrale à parler d’une seule voix face aux enjeux de paix, de sécurité et de développement.
