L’une des principales promesses de campagne de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, entrés en fonction en avril 2024, était de renégocier les contrats conclus avec des entreprises étrangères dans les secteurs stratégiques, afin de les rendre plus avantageux pour le Sénégal.
À Dakar, les autorités récemment installées s’attèlent à la révision de contrats internationaux dans certains secteurs clés, estimant qu’ils ne servent pas suffisamment les intérêts nationaux. Depuis le lundi 19 août 2024, un groupe de travail dédié est chargé de superviser ce processus. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, précise que la démarche est méthodique et rigoureuse : “Contrairement à ce que certains prétendent, il n’est pas question de tout démanteler ou de nationaliser. Nous privilégions une approche mesurée et réfléchie.”
Cette initiative coïncide avec l’entrée en service de nouvelles installations pétrolières et gazières, financées en partie par des partenaires étrangers. Elle marque un tournant économique visant à renforcer la position de l’État sénégalais dans la gestion de ses ressources naturelles, pour en tirer les meilleurs bénéfices économiques, sociaux et environnementaux possibles.
Pour les autorités, l’objectif est d’arriver bien préparées aux négociations avec les entreprises partenaires. Ousmane Sonko souligne l’importance de cet effort : “C’est un travail minutieux qui doit permettre à l’État de se doter des moyens nécessaires pour imposer ses conditions et redéfinir ces accords.”
Néanmoins, ce processus de renégociation comporte des risques et représente un défi pour le gouvernement, comme l’explique Abdoulaye Ba, de l’Institut de gouvernance des ressources naturelles (NRGI). “Si l’État manque de rigueur ou qu’il y a des soupçons de corruption, cela pourrait nuire à l’image du Sénégal et décourager les investisseurs,” avertit-il. La crainte d’un retrait des investissements étrangers est d’ailleurs l’argument majeur des critiques, notamment de l’ancien président Macky Sall, qui, en début d’année, avait mis en garde contre les conséquences économiques potentielles de telles renégociations.