Deux figures de l’opposition au Mozambique ont été abattues dans une embuscade peu après les élections, un événement qui a intensifié les tensions dans un pays déjà marqué par une contestation électorale. L’avocat d’un principal candidat de l’opposition, Elvino Dias, et le porte-parole du parti Podemos, Paulo Guambe, ont été tués par des hommes armés qui ont attaqué leur véhicule sur une grande avenue de Maputo, la capitale, tard dans la nuit. Leur parti a annoncé ces décès samedi, dénonçant une recrudescence de la violence politique.
Les deux hommes appartenaient à Podemos, un parti d’opposition ayant contesté les résultats des élections présidentielles du 9 octobre, accusant le parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), de fraude électorale. Les meurtres surviennent alors que l’opposition préparait des actions légales pour contester les résultats devant la plus haute juridiction électorale du pays. Selon les résultats préliminaires, le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, est en tête, tandis que Venancio Mondlane, soutenu par Podemos, est deuxième.
La police a rapporté qu’une femme présente dans le véhicule avait été blessée et hospitalisée. Le porte-parole de la police, Leonel Muchina, a mentionné que les victimes avaient été suivies après avoir quitté un bar local, suggérant que les événements de cette nuit pourraient être liés à des interactions précédentes. Toutefois, de nombreux observateurs au Mozambique voient ces assassinats comme politiquement motivés.
Elvino Dias, avocat de Mondlane, jouait un rôle central dans la préparation des contestations électorales. En avril, il avait révélé avoir reçu des avertissements sur les risques encourus en raison de ses critiques contre le Frelimo, mais avait affirmé poursuivre son engagement pour la vérité et la justice. Pour plusieurs défenseurs des droits de l’homme, ces meurtres représentent une escalade grave de la violence politique dans un contexte de répression croissante.
Les forces de sécurité mozambicaines ont été accusées d’avoir réprimé les dissidences et d’avoir utilisé la force pour disperser des manifestations pacifiques à l’approche des élections. Peu avant les assassinats, une marche de partisans de Mondlane avait été dispersée dans la ville de Nampula. Depuis plusieurs jours, Maputo est placée sous une forte présence policière.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent un véhicule criblé de balles sur l’avenue Joaquim Chissano, près de l’ambassade de Russie. Les images témoignent de la brutalité de l’attaque, avec des impacts de balles sur la carrosserie et les corps des deux victimes à l’intérieur du véhicule. Pour certains analystes, ces assassinats marquent un tournant préoccupant dans la violence politique au Mozambique.