Le militant panafricaniste Kémi Séba a été arrêté en France le 14 octobre 2024 et placé en garde à vue. Il fait face à des accusations d’espionnage et d’intelligence avec une puissance étrangère, soupçonné de mener des actions hostiles contre l’État français. Connu pour ses critiques de la France et de l’Occident, le président de l’ONG « Urgences Panafricanistes » avait perdu sa nationalité française en juillet dernier et détient désormais un passeport diplomatique nigérien, en tant que conseiller du président nigérien lors de sa visite en France.
Originaire du Bénin, Kémi Séba est une figure marquante du panafricanisme, dénonçant l’influence occidentale sur le continent. Sa lutte contre le néocolonialisme et son appel à l’indépendance de l’Afrique lui ont valu plusieurs expulsions et la perte de sa nationalité française après avoir brûlé son passeport en symbole de protestation.
Les accusations d’espionnage sont renforcées par des liens présumés avec la Russie, notamment le groupe paramilitaire Wagner. Un rapport de 2023 de Jeune Afrique mentionne qu’il aurait eu des contacts avec Evgueni Prigojine, l’ex-chef de Wagner, et aurait reçu des financements pour ses activités entre 2018 et 2019, ce qui soulève des doutes quant à son implication dans une campagne d’influence contre la France.
L’avocat de Séba, Juan Branco, a qualifié l’arrestation d’« arbitraire et politiquement motivée », rejetant les accusations d’espionnage et dénonçant une vengeance de l’État français. Branco a également exprimé des craintes concernant une éventuelle extradition vers le Bénin, où Séba risquerait la réclusion à perpétuité.
Cette arrestation a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, où ses partisans dénoncent une répression des mouvements panafricanistes. Nathalie Yamb, une autre militante panafricaniste, a affirmé qu’il s’agit d’une tentative de « faire taire un défenseur des droits des Africains ».
Kémi Séba, figure centrale du néo-panafricanisme, a toujours rejeté les accusations d’extrémisme et se présente comme un défenseur de la souveraineté africaine. Son arrestation représente un tournant dans sa lutte, ainsi que dans les relations entre les mouvements anti-occidentaux en Afrique et les puissances européennes, s’inscrivant dans un débat international sur la souveraineté et l’influence étrangère sur le continent.