Elle a craqué face à la vindicte populaire. Après plusieurs semaines de manifestations particulièrement violentes, ayant fait plus de 300 morts au Bangladesh, la Première ministre Sheikh Hasina a fini par annoncer sa démission ce lundi.
Les manifestations au Bangladesh, au départ pacifiques, ont commencé début juillet, à l’initiative d’étudiants et de jeunes diplômés protestant contre des quotas de recrutement dans les emplois publics. Ce système réserve 30% de ces emplois aux enfants des “combattants de la liberté”, ayant participé à la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan, en 1971. Une manière détournée d’attribuer des emplois publics à des loyalistes de la Ligue Awami, le parti au pouvoir, selon les protestataires.
Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice. Alors que 18 millions de jeunes sont sans emploi au Bangladesh, selon les chiffres du gouvernement, cette décision a mis le feu aux poudres. Confrontée à une importante mobilisation étudiante, la Cour suprême du Bangladesh a finalement décidé, le 21 juillet, de suspendre temporairement la plupart des quotas. Insuffisant pour les étudiants, qui appellent à une abrogation totale du texte.
Face à la contestation, l’armée a été déployée pour maintenir l’ordre, vendredi 19 juillet. Mais des milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans les rues dès le lendemain. La répression, qui avait déjà fait plusieurs dizaines de morts, s’est encore accentuée et la police a tiré à balle réelle sur les militants.
Dimanche 4 août, de nouveaux heurts entre opposants à la Première ministre, forces de l’ordre et partisans du parti au pouvoir ont fait 94 morts dans tout le pays. Parmi les morts figurent au moins 14 policiers, selon le porte-parole des forces de l’ordre. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâton et de couteau, et les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles. Lundi, au moins 44 morts ont été transportés à l’hôpital universitaire de Dacca, a rapporté un correspondant de l’AFP. Selon la police, 11 autres personnes ont été tuées dans la capitale et une autre dans la ville portuaire de Chittagong.
Au total, au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données de la police, de responsables et de sources hospitalières.
Le chef de l’armée du Bangladesh a annoncé la formation d’un gouvernement intérimaire, lundi 5 août, après la démission de la Première ministre. Le départ de Sheikh Hasina fait suite à un mois de manifestations et de violences, qui ont fait au moins 300 morts en un mois, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données de la police, de responsables et de médecins dans des hôpitaux.