46e session du Comité du patrimoine mondial: le Ministre d’État Jean Emmanuel OUEDRAOGO est arrivé à New Delhi
(New Delhi, le 25 juillet 2024)
Le Ministre d’État, Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Rimtalba Jean Emmanuel OUEDRAOGO est arrivé dans la capitale de la République fédérale de l’Inde où il prend part aux travaux de la 46e session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO qui se tient du 21 au 31 juillet 2024.
A la tête d’une délégation d’une dizaine de membres, l’équipe du Burkina défendra ce vendredi 26 juillet la candidature du Burkina Faso pour l’inscription de la Cour royale de Tiébélé dans la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Tout savoir sur la cour royale de Tiébélé, une définition donnée par l’UNESCO
Description
Située au pied d’une colline dans un paysage de plaine, la cour Royale de Tiébélé forme un espace circulaire irrégulier d’environ 1,2 ha. On y accède au sud-ouest par l’entrée principale. On distingue plusieurs éléments caractéristiques: le Pourou, butte sacrée où sont enterrés les placentas des membres de la famille, le nabarê, l’autel de l’ancêtre, le figuier rouge, des pierres sacrées, la case du tribunal, le cimetière des ancêtres et au fond les concessions divisées en 5 domaines correspondant aux catégories suivantes : les princes, les gardiens des tambours, les aînés, les petits frères, et les porte- paroles. Chaque concession s’organise autour d’une maison mère qui, vue d’en haut a la forme d’un huit. La cour est caractérisée par une riche architecture traditionnelle de caractère défensif. Elle est entourée de hauts murs de clôture reliés par des murs des habitations. L’ensemble forme une enceinte difficilement franchissable.
L’habitat Kassena est entièrement construit en matériaux locaux: terre, bois et paille. Les cases n’ont pas de fondation, les murs sont élevés en terre façonnée. La terre mélangée avec des fibres et de la bouse de vache est humidifiée jusqu’à un état de plasticité idéal, permettant de façonner des surfaces quasiment verticales, un peu comme sont façonnées les grandes poteries. Le rythme de construction est de 4 à 5 couches par jour soit environ 30 cm. la hauteur de la case peut atteindre une dizaine de levées de banco et l’épaisseur 20 à 15 cm. Aujourd’hui cette technique est remplacée par l’utilisation des briques de terre crue moulées (adobes) avec des murs reposant sur de larges fondations en pierres. Le système de toiture en terrasse est développé dans l’architecture kassena. Après la construction, la femme applique une décoration murale aux motifs et techniques variables, ce qui renforce la protection des constructions. C’est une pratique très ancienne qui remonte depuis le XVI ème siècle ap JC.
Les kasséna font partie des groupes ethniques les plus anciennement installés sur le territoire bukinabè. Ils sont classées dans le groupe des Gurunse tout comme d’autres groupes ethniques : Nankana, Nuni, Lélé… Divers mouvements migratoires, situés vers le XVIè siècle, contribuèrent à la mise en place du peuplement Kasséna. Certaines populations sont venues du pays moaga au nord, et d’autres des villages kassena au sud en territoire ghanéen. On peut estimer que la mise en place du peuplement Kasséna s’est achevée au XVè siècle par la constitution du territoire Kassongo. L’origine de la chefferie de Tiébélé, la plus importante du Kassongo, remonte au XVIè siècle. A l’origine les Kassena tout comme les autres groupes ethniques Gurunse ne connaissaient pas de chefferie. Les nombreux brassages au XVIè siècle notamment avec les groupes qui remontèrent du pays moaga ont entraîné la naissance de la chefferie en pays Kasséna.
Le style architectural kassena s’est développé dans tout l’espace kassena allant du nord Ghana au sud du Bukina Faso.
Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle
L’habitat Kassena est entièrement construit en matériaux locaux: terre, bois et paille. Les cases n’ont pas de fondation, les murs sont élevés en terre façonnée. La terre mélangée avec des fibres et de la bouse de vache est humidifiée jusqu’à un état de plasticité idéal, permettant de façonner des surfaces quasiment verticales, un peu comme sont façonnées les grandes poteries. Le rythme de construction est de 4 à 5 couches par jour soit environ 30 cm. la hauteur de la case peut atteindre une dizaine de levées de banco et l’épaisseur 20 à 15 cm. Aujourd’hui cette technique est remplacée par l’utilisation des briques de terre crue moulées (adobes) avec des murs reposant sur de larges fondations en pierres. Le système de toiture en terrasse est développé dans l’architecture kassena. Après la construction, la femme applique une décoration murale aux motifs et techniques variables, ce qui renforce la protection des constructions. C’est une pratique très ancienne qui remonte depuis le XVI ème siècle ap JC.
(iii) La cour Royale de Tiébélé constitue un témoignage exceptionnel des traditions Kasséna. Que ce soit l’architecture et les décorations des habitations, l’organisation sociale, la chefferie traditionnelle et coutumière ou bien encore les croyances et la religion, de multiples aspects de la riche culture de ce peuple ont traversé le temps et demeurent vivaces.
(vi) En plus de l’architecture unique de caractère défensif, la cour royale est un haut lieu des traditions et des pratiques Kassena notamment la peinture murale qui dénote des prouesses artistiques de la femme Kassena. Dans la cour, le chef pratique les rites religieux traditionnels. Des séances de divination permettant de consulter les ancêtres et divinités du panthéon kasséna ont lieu couramment. Selon les résultats, on pourra être amené à faire des offrandes sur des autels spécifiquement dédiés, visibles devant chaque maison mère.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
La cour Royale de Tiébélé constitue un témoignage exceptionnel des traditions Kasséna. Que ce soit l’architecture et les décorations des habitations, l’organisation sociale de la chefferie ou bien encore les croyances et la religion, de multiples aspects de la riche culture de ce peuple ont traversé le temps et demeurent vivaces.
Le Pè (chef) est garant de l’ordre social. Il préside toutes les cérémonies coutumières et a pouvoir de décision lui permettant de réagir face à des problèmes sérieux tels que les famines, les épidémies et les conflits inter villageois. Il est aidé dans sa tâche par les chefs de quartier, les conseillers, les aînés des lignages princiers, ainsi que les notables qui servent de relais avec les chefs des soixante neuf (69) villages dépendant de Tiébélé.
Dans la cour, le chef pratique les rites religieux traditionnels. Des séances de divination permettant de consulter les ancêtres et divinités du panthéon kasséna ont lieu couramment. Selon les résultats, on pourra être amené à faire des offrandes sur des autels spécifiquement dédiés, visibles devant chaque maison mère. Certaines offrandes sont faites en direction des collines ou des rivières où résident les divinités sollicitées.
De nos jours, aux côtés du pouvoir traditionnel, cohabite un pouvoir moderne incarné par un exécutif municipal (le maire de la commune) et un représentant du pouvoir central (le préfet). Toutefois, les populations demeurent attachées à leur chefferie traditionnelle et coutumière.
En terme d’adaptation à l’évolution sociale, beaucoup de Kassena se sont convertis aux nouvelles religions (islam, christianisme). Ils demeurent toutefois attachés aux pratiques rituelles et traditionnelles donnant ainsi naissance à un syncrétisme religieux.
Comparaison avec d’autres biens similaires
Le style architectural kassena s’est développé dans tout l’espace kassena allant du nord Ghana au sud du Bukina Faso. Dans la commune de Tiébélé et dans les environs, on retrouve le même style architectural dans les grandes familles : Guénon, Kollo, Kaya, Tangassogo. La cour royale se distingue des autres cours par sa taille (32 cases mères) la présence des symboles forts de la tradition Kasséna. On pourrait comparer l’architecture Kasséna et celle des Lobi et des Bobo, communautés vivant aux sud-ouest et à l’ouest du Burkina Faso, ainsi qu’à celle des bétamaribé du nord Togo inscrit sur la lite du patrimoine mondial en 2004. Elles ont toutes un caractère défensif, utilisent presque la même technique de construction (bauge), mais de nombreuses différences existent dans la morphologie ainsi que les motifs et symboles de décorations murales pratiquées.
L’architecture lobi est du style forteresse avec toiture en terrasse, tout comme celle Bobo, mais ces deux types peuvent être surmontés d’un à deux étages. L’architecture bétamaribé a en plus conservé les toitures en paille.